La fin de semaine dernière, j’ai été surprise de voir circuler sur les réseaux sociaux une affiche qui suggérait de donner certains médicaments en vente libre pour humain à son chien. Certaines recommandations étaient carrément dangereuses. Je crois donc qu’il est important de rétablir certains faits à propos des médicaments disponibles sur les tablettes de nos pharmacies.
Voici 6 conseils au sujet des médicaments humains en vente libre :
1- Demandez toujours l’avis de votre équipe vétérinaire.
Votre médecin vétérinaire est le mieux placé pour vous recommander ce qui sera le plus bénéfique pour votre animal. En ayant la possibilité de consulter son dossier, en gardant en tête son historique médical et en vous posant quelques questions, il pourra voir s’il vous suggère un traitement en particulier.
Saviez-vous que les conseils au téléphone sont gratuits? L’équipe vétérinaire avec qui j’ai travaillé le plus longtemps s’efforçait toujours de prodiguer de bons conseils à sa clientèle. Oui, il est vrai que la plupart du temps nous suggérons une consultation avec un médecin vétérinaire pour en savoir plus et ne pas rater un diagnostic ou retarder la mise en place d’un traitement efficace. Certaines situations ne permettent pas d’essayer des petits trucs à la maison avant de consulter. Parfois, si la situation le permet, l’équipe vétérinaire pourrait vous faire des recommandations claires sur des petits traitements à essayer. Évidemment, ces conseils viendront généralement avec une recommandation de consulter si jamais la situation ne s’améliore pas ou si elle se détériorait.
« Primum non necere » qui signifie « D’abord, ne pas nuire. » est un concept appliqué par les professionnels de la santé. C’est aussi ce principe qui guide les articles de Passion Animo.
2- Méfiez-vous des anti-inflammatoires!
Trop souvent, j’ai rencontré des propriétaires de chiens qui avaient essayé de donner des anti-inflammatoires pour humains à leur chien qui semblait en douleur. Malheureusement, dans la majorité de ces cas, ces propriétaires qui pensaient bien faire et qui voulaient soulager leur animal avaient aggravé la situation.
Le pire est définitivement l’acétaminophène (p. ex. : Tylenol®, Tempra®). Cette molécule est carrément toxique pour les chiens et encore plus pour les chats. Chez le chien, en plus de problèmes d’ordre digestif (diarrhées, vomissements, saignements intestinaux, ulcères gastriques…), une toxicité au foie et une anémie (destruction des globules rouges) peuvent survenir. Selon les dosages utilisés, le décès de l’animal peut s’en suivre.
L’ibuprofène (p. ex. : Advil®, Motrin®) et l’acide acétylsalicylique (p. ex. : Aspirin®) vont surtout entrainer des problèmes digestifs (diarrhées, vomissements, saignements intestinaux, ulcères gastriques…), car ces molécules sont beaucoup plus difficiles à digérer et métaboliser chez les chiens et les chats. À l’occasion, pour certains problèmes cardiovasculaires, de très faibles doses d’Aspirin® sont recommandées. Avec ces faibles dosages, ce médicament est alors utilisé comme anticoagulant et non pour ses propriétés anti-inflammatoires.
En médecine vétérinaire, nous avons la chance d’avoir un bel éventail d’anti-inflammatoires spécialement formulés pour les chiens et les chats. Ils ont bien été étudiés et ont été sélectionnés, car ils entrainent moins d’effets secondaires et, surtout, ils sont sécuritaires. De plus, certains ont une formulation liquide ou une saveur conçue pour faciliter l’administration aux animaux. Ça vaut la peine de consulter pour obtenir une prescription adaptée. Si vous avez administré des anti-inflammatoires à votre chien, votre vétérinaire doit absolument le savoir. Le mélange de certains anti-inflammatoires peut amener de sévères effets secondaires.
3- Ne donnez pas d’Imodium® à votre chien.
Le lopéramide (Imodium®) est une molécule antidiarrhéique contre-indiquée dans de nombreuses situations. Diarrhée aiguë associée aux antibiotiques, si une constipation pouvait causer problème, diarrhée causée par certaines bactéries (p. ex. : Salmonelles, Shigella, Campylobacter…), présence de sang et fièvre, difficulté à uriner et essoufflement sont des exemples de situations où cette médication est à éviter.
Il est donc évident qu’en ignorant la cause de la diarrhée de pitou, il est impensable pour un médecin vétérinaire de vous suggérer une telle médication. De plus, le lopéramide agit en réduisant la vitesse du transit digestif. Donc, si une diarrhée est secondaire à une intoxication, cela peut réduire l’évacuation de la toxine. Une cause fréquente de diarrhée chez le chien est la présence de parasites et ils ne seront pas affectés par ce médicament.
Si votre chien a une diarrhée et que vous souhaitez le soulager, consultez notre article À l’aide docteur! Mon animal a la diarrhée.
4- Prudence avec les crèmes et les onguents.
Beaucoup de propriétaires de chiens commencent l’application de médications topiques pour gérer les petits bobos et les irritations cutanées chez leur compagnon. Il y a plusieurs années, je dois avouer que c’était une recommandation que certains professionnels de la santé animale pouvaient faire. Maintenant, nous sommes beaucoup plus frileux en raison de l’antibiorésistance. Le fameux Polysporin® est généralement une combinaison d’antibiotiques et, parfois, il contient aussi un anesthésique.
On souhaite donc éviter que les bactéries développent une résistance à ces antibiotiques et deviennent plus difficiles à éliminer par la suite. De plus, les chiens auront le réflexe de lécher les crèmes et onguents que nous appliquons sur leur peau. C’est pourquoi nous suggérons généralement le port d’un collier élisabéthain dans le cas d’un traitement topique. Il évite que l’animal retire le traitement, qu’il l’ingère et empêche qu’il nuise à sa guérison. Un léchage répété ralentit la guérison.
Pour gérer les blessures mineures, nous avons une nette préférence pour la désinfection avec la chlorhexidine. Attention! La chlorhexidine est plus difficile à trouver en pharmacie, car elle est souvent combinée à de l’alcool. L’alcool est à éviter chez les animaux, car en plus de générer un inconfort, il ralentit la guérison. Votre équipe vétérinaire pourra certainement vous en proposer si cela est la meilleure solution pour votre compagnon en plus de vous conseiller sur son utilisation. Comme il s’agit d’un désinfectant, c’est un produit vendu sans prescription. Pour en savoir plus, consultez l’article Trousse de premiers soins pour votre compagnon.
5- Le Gravol®, ce n’est pas pour tous.
Le dimenhydrinate (p. ex. : Gravol®) est une molécule parfois recommandée par les médecins vétérinaires pour aider à la gestion du mal des transports chez le chien. Depuis, quelques années, nous avons une molécule vétérinaire plus efficace et sans somnolence pour aider les chiens nauséeux en voiture. Dans certaines situations, le Gravol® pourrait être suggéré par votre vétérinaire. Ce dernier pourra vous confirmer le dosage précis à offrir à votre animal. Cette médication ne devrait pas être utilisée chez un chien qui a des vomissements pour une raison autre que le mal des transports afin de ne pas nuire à sa condition.
Il est donc fortement suggéré de communiquer avec votre équipe vétérinaire pour demander si cette médication est envisageable chez votre chien et à quel dosage. Pour en savoir plus sur la gestion du mal des transport chez le chien, consultez notre article À l’aide! Mon chien n’aime pas la voiture.
6- Le Benadryl® au cas où…
Un médicament humain qu’il est préférable d’avoir sous la main est le Diphénhydramine (Benadryl®) qui est l’antihistaminique parmi les plus utilisés dans le cas des réactions allergiques spontanées. Il ne doit pas remplacer une consultation vétérinaire si votre chien fait un choc anaphylactique (réaction allergique sévère avec enflure et difficultés respiratoires). Toutefois, il y a des situations où votre équipe vétérinaire pourra vous suggérer d’en administrer à votre chien. Vous pourrez ainsi connaître le bon dosage à administrer à pitou.
Ne craignez pas d’aborder le sujet avec votre équipe vétérinaire. Vous pourrez ainsi éviter de causer plus de tort que de bien à votre compagnon. Ils sont là pour vous épauler pour la santé de votre animal et seront toujours heureux de vous partager des petits trucs à essayer à la maison quand la situation le permet.
***Cet article n’est pas commandité.***
Passionnée d’animaux depuis toujours, j’ai même choisi d’en faire ma profession. Diplômée en techniques de santé animale en 2007 pour ensuite obtenir le titre de médecin vétérinaire en 2013, je suis présentement enseignante en Techniques de santé animale. J’ai aussi travaillé en cliniques privées et dans un refuge animalier. Ayant toujours mille et un projets en tête, je suis fière de maintenant pouvoir vous partager ma passion pour la santé animale et pour le monde animal en général.
Merci et bonne lecture!
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.