Docteur, je sens une masse sur mon animal

Dernièrement, nous avons été moins productifs pour les nouveaux articles parce que nous étions bien occupés à prendre soin de Guizmo. C’est à la suite des péripéties que nous avons vécues que j’ai décidé d’écrire sur le sujet.

 

Le 21 octobre dernier, pendant que nous écoutions un film avec les chiens, j’ai palpé une masse sous la mandibule de Guizmo. Bien que petite, cette masse semblait provenir de son os. Je m’imaginais le pire. Je craignais que mon chien ait développé un ostéosarcome. Il s’agit d’une tumeur osseuse maligne (cancer des os). Ce n’est pas une bonne maladie, c’est vraiment difficile à gérer. Je suis tombée dans le piège en imaginant le pire scénario, mais cela m’a permis de prendre les choses en main rapidement. Lorsque j’étais en clinique, je rencontrais souvent des clients qui avaient senti une masse en flattant leur chien ou leur chat. La plupart d’entre eux étaient bien inquiets et craignaient que je prononce le mot qui nous fait si peur : cancer. Je comprends très bien ce sentiment d’impuissance. J’espère que cet article vous permettra de démystifier les étapes qui pourraient vous être proposées par votre médecin vétérinaire.

 

 

Première étape : consulter son médecin vétérinaire

Le lundi matin, dès l’ouverture de la clinique vétérinaire, j’ai pris un rendez-vous pour faire voir la masse de Guizmo. C’est la première chose à faire. En plus de réaliser un examen physique complet de pitou ou minou, votre vétérinaire prendra soin de palper la masse, de bien la documenter au dossier de l’animal et d’établir un plan diagnostique.

 

Deuxième étape : les tests diagnostiques

La mauvaise nouvelle est que votre médecin vétérinaire ne fait pas de magie et qu’il n’a pas de boule de cristal. J’ai toujours rêvé d’avoir des doigts magiques qui permettent de scanner les animaux pour avoir un diagnostic précis, rapide et peu coûteux. La réalité est différente malheureusement. Bien que certaines masses puissent avoir des présentations cliniques et des apparences plutôt typiques pour leur catégorie, il n’est pas possible de déterminer, hors de tout doute et précisément, à quel type de masse nous avons affaire. Est-ce qu’il s’agit d’une petite masse bénigne sans graves conséquences sur l’animal ou s’il s’agit d’une masse maligne (cancer) qui risque de croître rapidement ou de créer des métastases (envahir d’autres tissus ou organes)? De quel type de tumeur s’agit-il exactement? Adénome, adénosarcome, mastocytome, mélanome, lymphome, hémangiosarcome, lipome, carcinome, histiocytome, fibrosarcome et bien plus sont qu’un petit aperçu des multiples possibilités.

 

Pour avoir des réponses, votre médecin vétérinaire voudra réaliser des épreuves diagnostiques. L’aspiration à l’aiguille fine (cytologie) figure parmi les tests les plus fréquemment suggérés pour débuter. Si la masse est accessible et qu’elle affecte les tissus mous, cette avenue permettra au vétérinaire d’aller récolter des cellules de la masse afin de les étaler sur des lames de microscope. Parfois, l’observation au microscope à la clinique permettra un diagnostic rapide. Plus fréquemment, le vétérinaire généraliste voudra acheminer le prélèvement dans un laboratoire externe pour avoir le diagnostic d’un spécialiste. Ce test rapide se réalise sur un animal éveillé rapidement et sans trop d’inconfort. En revanche, pour qu’il apporte des réponses, il faut que la masse contienne des cellules exfoliatives (cellules qui se détachent lors de l’aspiration). Dans le cas de Guizmo, cette étape n’a pas été réalisée en premier, car nous pensions que c’était une masse osseuse et que ce type de masse se prête mal à ce test.

 

Une biopsie incisionnelle (excision d’une partie de la masse) ou une biopsie excisionnelle (excision de la masse entière) pourrait être suggérée pour obtenir une réponse plus précise. Ce prélèvement devra être réalisé sous sédation, anesthésie locale ou anesthésie générale selon la localisation et le type de biopsie réalisée. L’échantillon est ensuite acheminé à un laboratoire externe pour être traité (histopathologie) et analysé par un vétérinaire pathologiste.

Des tests complémentaires (généralement nommés bilan d’extension dans ce contexte) seront recommandés selon la situation. Bilan sanguin, radiographies, échographies, aspiration des nœuds lymphatiques (ganglions) ou techniques d’imagerie plus avancées telles qu’une tomodensitométrie (CT-Scan) ou une résonance magnétique pourraient être suggérés. Dans le cas de Guizmo, nous avons débuté par un bilan sanguin complet et des radiographies. Nous souhaitions aller sous anesthésie pour faire un prélèvement (cytologie ou biopsie) et nous voulions avoir un bon aperçu de sa santé globale au préalable.

 

 

Troisième étape : la suite

La suite peut aller un peu dans tous les sens. Il est possible que la prochaine étape soit le retrait en chirurgie de la masse. Dans le cas des masses de petites tailles, il est parfois suggéré de faire une cryochirurgie. Ce traitement chirurgical utilise du froid extrême pour détruire les tissus anormaux. Lors de l’annonce d’un cancer, il est possible que votre médecin vétérinaire généraliste vous propose de consulter un médecin vétérinaire spécialiste en oncologie. L’oncologue vétérinaire pourra offrir des modalités de traitements pour traiter le cancer (curatifs) ou pour ralentir sa progression (palliatifs). Parfois, une chirurgie réalisée par un médecin vétérinaire spécialiste pourrait être à privilégier. Chez les animaux, des traitements de chimiothérapie, radiothérapie et thérapie ciblée sont offerts. L’objectif n’est pas de rendre l’animal malade avec ces traitements. L’oncologue vétérinaire vise surtout à prolonger la vie de l’animal tout en veillant à lui offrir une certaine qualité de vie. Les animaux ne peuvent pas comprendre qu’ils subissent ces traitements pour aller mieux dans le futur, donc l’oncologie vétérinaire aborde le problème d’une façon différente de ce qui est fait en médecine humaine.

 

Mon conseil : ne pas attendre

Attendre est généralement une mauvaise idée… De nombreux propriétaires d’animaux surveillent l’évolution de la masse avant d’en discuter avec leur équipe vétérinaire. Dans certains cas, si la masse est bénigne et à croissance lente, c’est vrai que cela pourrait ne pas nuire. Toutefois, si la masse est maligne (cancer), qu’elle a tendance à métastaser (se répandre dans d’autres tissus) et que sa croissance est rapide, le pronostic (évolution de la maladie et chance de guérison) peut s’avérer de plus en plus sombre en fonction de temps passé avant d’entreprendre des traitements. Mettez toutes les chances de votre côté en agissant rapidement. Si le retrait chirurgical est entrepris, on préfère retirer une petite masse de 1 cm de diamètre plutôt qu’une masse de 5 ou 10 cm. L’ampleur de la chirurgie, les coûts associés et les soins postopératoires ne seront pas du tout de même envergure.

 

Dans le cas de Guizmo, le retrait de sa masse a été réalisé en chirurgie le 14 novembre. Sa masse n’était pas de nature osseuse, mais elle était bien adhérée à l’os mandibulaire. La semaine suivante, les résultats d’histopathologie nous apprenaient que la masse avait été retirée en totalité et qu’il s’agissait d’une masse bénigne de type fibrolipome. C’était une excellente nouvelle, heureusement.

 

Évidemment, il s’agit d’un processus pouvant être coûteux. Pour en savoir plus, consultez notre article Les assurances pour animaux de compagnie.

 

Nous vous souhaitons de jamais n’avoir à passer par là avec votre compagnon. Toutefois, si cette épreuve se dresse sur votre chemin, nous espérons que ces informations et conseils vous auront aidés.

 

 

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